La parité des taux d’intérêt (IRP) est l’équation fondamentale qui régit la relation entre les taux d’intérêt et les taux de change des devises. Le principe de base de la parité des taux d’intérêt est que les rendements couverts des investissements dans différentes devises doivent être les mêmes, quel que soit le niveau de leurs taux d’intérêt.
Il existe deux versions de la parité des taux d’intérêt :
- Parité des taux d’intérêt couverts
- Parité des taux d’intérêt non couverts
Lisez la suite pour savoir ce qui détermine la parité des taux d’intérêt et comment l’utiliser pour négocier sur le marché des changes.
Points clés à retenir
- La parité des taux d’intérêt est l’équation fondamentale qui régit la relation entre les taux d’intérêt et les taux de change des devises.
- Le principe de base de la parité des taux d’intérêt est que les rendements couverts des investissements dans différentes devises doivent être les mêmes, quel que soit le niveau de leurs taux d’intérêt.
- La parité est utilisée par les cambistes pour trouver des possibilités d’arbitrage ou d’autres opportunités de trading.
Calcul des taux à terme
Les taux de change à terme des devises sont des taux de change qui anticipent le taux à un moment futur, par opposition aux taux de change au comptant, qui sont les taux actuels. La compréhension des taux à terme est fondamentale pour la parité des taux d’intérêt, en particulier en ce qui concerne l’arbitrage (l’achat et la vente simultanés d’un actif afin de profiter d’une différence de prix).
L’équation de base pour le calcul des taux à terme avec le dollar américain comme monnaie de base est
Rate
Taux d’
:
ForwardRate = SpotRate × 1 + IRD 1 + IRO où : IRO =Taux d’ intérêt du pays d’outre-mer
Les taux à terme sont disponibles auprès des banques et des courtiers en devises pour des périodes allant de moins d’une semaine à cinq ans et plus. Comme pour les cotations des devises au comptant, les contrats à terme sont cotés avec un écart entre les cours acheteur et vendeur.
Une devise dont les taux d’intérêt sont plus faibles s’échange avec une prime à terme par rapport à une devise dont le taux d’intérêt est plus élevé. Dans l’exemple ci-dessus, le dollar américain se négocie avec une prime à terme par rapport au dollar canadien ; inversement, le dollar canadien se négocie avec une décote à terme par rapport au dollar américain.
Les taux à terme peuvent-ils être utilisés pour prévoir les futurs taux au comptant ou taux d’intérêt ? Dans les deux cas, la réponse est non. Un certain nombre d’études ont confirmé que les taux à terme sont notoirement de mauvais prédicteurs des futurs taux au comptant. Étant donné que les taux à terme ne sont que des taux de change ajustés en fonction des écarts de taux d’intérêt, ils ont également un faible pouvoir prédictif en termes de prévision des taux d’intérêt futurs.
Exemple
Considérons les taux américains et canadiens à titre d’illustration. Supposons que le taux au comptant du dollar canadien est actuellement de 1 USD = 1,0650 CAD (en ignorant les écarts entre les cours acheteur et vendeur pour le moment). En utilisant la formule ci-dessus, le taux à terme d’un an est calculé comme suit :
1
1USD = 1.0650 × 1 + 3.15% 1 + 3.64% = 1.0700 CAD
La différence entre le taux à terme et le taux au comptant est connue sous le nom de points d’échange. Dans l’exemple ci-dessus, les points de swap s’élèvent à 50. Si cette différence (taux à terme moins taux au comptant) est positive, elle est appelée prime à terme ; une différence négative est appelée décoteà terme.
Parité des taux d’intérêt couverts
Avec une parité de taux d’intérêt couverte, les taux de change à terme devraient intégrer la différence de taux d’intérêt entre deux pays ; sinon, il existerait une possibilité d’arbitrage. En d’autres termes, il n’y a pas d’avantage de taux d’intérêt si un investisseur emprunte dans une devise à faible taux d’intérêt pour investir dans une devise offrant un taux d’intérêt plus élevé. En règle générale, l’investisseur prend les mesures suivantes
- Empruntez un montant dans une devise avec un taux d’intérêt plus bas.
- Convertir le montant emprunté dans une devise avec un taux d’intérêt plus élevé.
- Investir le produit dans un instrument portant intérêt dans cette devise à taux d’intérêt plus élevé.
- Couvrir simultanément le risque de change en achetant un contrat à terme pour convertir le produit de l’investissement dans la première devise (à taux d’intérêt plus faible).
Dans ce cas, les rendements seraient les mêmes que ceux obtenus en investissant dans des instruments porteurs d’intérêts dans la monnaie à taux d’intérêt plus bas. Dans la condition de parité des taux d’intérêt couverte, le coût de la couverture du risque de change annule les rendements plus élevés qui seraient obtenus en investissant dans une devise offrant un taux d’intérêt plus élevé.
La formule pour la parité des taux d’intérêt couverts est
taux d’intérêt dans la monnaie
taux de
:
(1+id)= S F ∗(1+if) où : id=Letaux d’intérêt dans la monnaie nationale ou la monnaie de base if=Letaux d’intérêt dans la monnaie étrangère ou la monnaie cotée S=Letaux de changeau comptant actuel
Arbitrage des taux d’intérêt couverts
Considérons l’exemple suivant pour illustrer la parité des taux d’intérêt couverts. Supposons que le taux d’intérêt des emprunts pour une période d’un an dans le pays A est de 3 % par an et que le taux des dépôts à un an dans le pays B est de 5 %. Supposons en outre que les devises des deux pays s’échangent au pair sur le marché au comptant (c’est-à-dire que la devise A = la devise B).
Un investisseur fait ce qui suit :
- Emprunts en monnaie A à 3
- Convertit le montant emprunté dans la devise B au taux au comptant
- Investit ces produits dans un dépôt libellé en devise B et versant 5 % par an
L’investisseur peut utiliser le taux à terme d’un an pour éliminer le risque de change implicite dans cette transaction, qui découle du fait que l’investisseur détient maintenant la devise B, mais doit rembourser les fonds empruntés dans la devise A. Dans le cadre de la parité des taux d’intérêt couverte, le taux à terme d’un an devrait être approximativement égal à 1,0194 (c’est-à-dire, devise A = 1,0194 devise B), selon la formule discutée ci-dessus.
Que se passe-t-il si le taux à terme d’un an est également à parité (c’est-à-dire que la devise A = la devise B) ? Dans ce cas, l’investisseur dans le scénario ci-dessus pourrait récolter des bénéfices sans risque de 2 %. Voici comment cela fonctionnerait. Supposons l’investisseur :
- Emprunte 100 000 de la monnaie A à 3 % pour une période d’un an.
- Convertit immédiatement le produit de l’emprunt en devise B au taux au comptant.
- Place la totalité du montant dans un dépôt à un an au taux de 5 %.
- Conclut simultanément un contrat à terme d’un an pour l’achat de 103 000 Devise A.
Après un an, l’investisseur reçoit 105 000 de la devise B, dont 103 000 sont utilisés pour acheter la devise A dans le cadre du contrat à terme et rembourser le montant emprunté, laissant à l’investisseur le solde – 2 000 de la devise B. Cette opération est connue sous le nom d’arbitrage de taux d’intérêt couvert.
Les forces du marché garantissent que les taux de change à terme sont basés sur le différentiel de taux d’intérêt entre deux monnaies, sinon les arbitragistes interviendraient pour profiter de l’opportunité de profits d’arbitrage. Dans l’exemple ci-dessus, le taux à terme à un an serait donc nécessairement proche de 1,0194.
Parité des taux d’intérêt non couverts
La parité des taux d’intérêt non couverte (PTI) indique que la différence de taux d’intérêt entre deux pays est égale à la variation attendue des taux de change entre ces deux pays. Théoriquement, si la différence de taux d’intérêt entre deux pays est de 3 %, la monnaie du pays ayant le taux d’intérêt le plus élevé devrait se déprécier de 3 % par rapport à l’autre monnaie.
Mais en réalité, c’est une autre histoire. Depuis l’introduction des taux de change flottants au début des années 70, les monnaies des pays à taux d’intérêt élevés ont eu tendance à s’apprécier plutôt qu’à se déprécier, comme le montre l’équation de la PIP. Cette énigme bien connue, également appelée « puzzle de la prime à terme », a fait l’objet de plusieurs travaux de recherche universitaires.
Cette anomalie peut s’expliquer en partie par le « carry trade », qui consiste pour les spéculateurs à emprunter dans des devises à faible taux d’intérêt comme le yen japonais, à vendre le montant emprunté et à investir le produit dans des devises et des instruments à rendement plus élevé. Le yen japonais était une cible privilégiée pour cette activité jusqu’à la mi-2007, avec un montant estimé à 1 000 milliards de dollars liés au carry trade en yen cette année-là.
La vente incessante de la monnaie empruntée a pour effet de l’affaiblir sur les marchés des changes. Du début de 2005 à la mi-2007, le yen japonais s’est déprécié de près de 21 % par rapport au dollar américain. Le taux cible de la Banque du Japon au cours de cette période était compris entre 0 et 0,50 % ; si la théorie de l’UIP avait tenu, le yen aurait dû s’apprécier par rapport au dollar américain sur la seule base des taux d’intérêt plus bas du Japon.
La formule pour la parité des taux d’intérêt non couverts est
F
La relation de parité des taux d’intérêt entre les États-Unis et le Canada
Examinons la relation historique entre les taux d’intérêt et les taux de change pour les États-Unis et le Canada, les plus grands partenaires commerciaux du monde. Le dollar canadien a été exceptionnellement volatile depuis l’an 2000. Après avoir atteint un plancher record de 61,79 cents américains en janvier 2002, il a rebondi de près de 80 % au cours des années suivantes, atteignant un sommet moderne de plus de 1,10 dollar américain en novembre 2007.
Si l’on considère les cycles à long terme, le dollar canadien s’est déprécié par rapport au dollar américain de 1980 à 1985. Il s’est apprécié par rapport au dollar américain de 1986 à 1991 et a entamé un long glissement en 1992, culminant en janvier 2002 à son niveau le plus bas jamais atteint. À partir de ce creux, il s’est ensuite apprécié régulièrement par rapport au dollar américain pendant les cinq années et demie suivantes.
Par souci de simplicité, nous utilisons les taux préférentiels (les taux facturés par les banques commerciales à leurs meilleurs clients) pour tester la condition UIP entre le dollar américain et le dollar canadien de 1988 à 2008.
Sur la base des taux préférentiels, l’UIP s’est maintenue à certains moments de cette période, mais ne s’est pas maintenue à d’autres, comme le montrent les exemples suivants :
- De septembre 1988 à mars 1993, le taux préférentiel canadien était plus élevé que le taux préférentiel américain. Pendant la plus grande partie de cette période, le dollar canadien s’est apprécié par rapport à son homologue américain, ce qui est contraire à la relation PIP.
- Le taux préférentiel canadien a été inférieur au taux préférentiel américain pendant la majeure partie de la période allant de la mi-1995 au début de 2002. En conséquence, le dollar canadien s’est négocié à une prime à terme par rapport au dollar américain pendant une grande partie de cette période. Toutefois, le dollar canadien s’est déprécié de 15 % par rapport au dollar américain, ce qui signifie que le taux d’intérêt nominal ne s’est pas maintenu pendant cette période également.
- La condition de PSI s’est maintenue pendant la majeure partie de la période allant de 2002, lorsque le dollar canadien a commencé son rallye alimenté par les matières premières, jusqu’à la fin de 2007, lorsqu’il a atteint son sommet. Le taux préférentiel canadien a été généralement inférieur au taux préférentiel américain pendant la majeure partie de cette période, à l’exception d’une période de 18 mois allant d’octobre 2002 à mars 2004.
Couverture du risque de change
Les taux à terme peuvent être très utiles comme outil de couverture du risque de change. La mise en garde est qu’un contrat à terme est très rigide, car il s’agit d’un contrat contraignant que l’acheteur et le vendeur sont obligés d’exécuter au taux convenu.
Comprendre le risque de change est un exercice de plus en plus utile dans un monde où les meilleures opportunités d’investissement peuvent se trouver à l’étranger. Prenons l’exemple d’un investisseur américain qui a eu la prévoyance d’investir sur le marché boursier canadien au début de 2002. De 2002 à août 2008, le rendement total de l’indice de référence canadien S&P/TSX a été de 106 %, soit environ 11,5 % par an. Comparez cette performance à celle du S&P 500, qui n’a offert qu’un rendement de 26 % sur cette période, soit 3,5 % par an.
Voici le coup de pied. Comme les mouvements de devises peuvent amplifier les rendements des investissements, un investisseur américain ayant investi dans le S&P/TSX au début de 2002 aurait eu un rendement total (en termes d’USD) de 208 % en août 2008, soit 18,4 % par an. L’appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain au cours de cette période a transformé des rendements sains en rendements spectaculaires.
Bien entendu, au début de 2002, le dollar canadien se dirigeant vers un niveau record par rapport au dollar américain, certains investisseurs américains ont peut-être ressenti le besoin de couvrir leur risque de change. Dans ce cas, s’ils avaient été entièrement couverts pendant la période mentionnée ci-dessus, ils auraient renoncé aux 102 % de gains supplémentaires résultant de l’appréciation du dollar canadien. Avec le recul, il aurait été prudent de ne pas couvrir le risque de change.
Toutefois, il en va tout autrement pour les investisseurs canadiens qui investissent sur le marché boursier américain. Dans ce cas, les 26 % de rendement fournis par le S&P 500 de 2002 à août 2008 seraient devenus négatifs de 16 %, en raison de la dépréciation du dollar américain par rapport au dollar canadien. La couverture du risque de change (là encore, avec le recul) aurait dans ce cas atténué au moins une partie de cette piètre performance.
La parité des taux d’intérêt est une connaissance fondamentale pour les négociants en devises étrangères. Toutefois, pour bien comprendre les deux types de parité des taux d’intérêt, le négociant doit d’abord saisir les bases des taux de change à terme et des stratégies de couverture.
Fort de ces connaissances, le cambiste pourra alors utiliser les écarts de taux d’intérêt à son avantage. Le cas de l’appréciation et de la dépréciation du dollar américain par rapport au dollar canadien illustre à quel point ces opérations peuvent être rentables si l’on dispose des circonstances, de la stratégie et des connaissances nécessaires.