Lors de l’analyse de la rentabilité des investissements ou des projets, les flux de trésorerie sont actualisés afin de s’assurer que la valeur réelle de l’entreprise est prise en compte. Généralement, le taux d’actualisation utilisé dans ces applications est le taux du marché.
Toutefois, en fonction des circonstances liées au projet ou à l’investissement, il peut être nécessaire d’utiliser un taux d’actualisation ajusté au risque.
Points clés à retenir
- Un taux d’actualisation tient compte de la valeur temporelle de l’argent par rapport à des dollars gagnés dans le futur en fonction de leur pouvoir d’achat actuel.
- Outre l’horizon temporel, il faut tenir compte du niveau de risque lié à un investissement ou à un projet qui peut créer une volatilité des flux de trésorerie futurs.
- Il existe plusieurs façons d’incorporer le risque dans le taux d’actualisation ; mais dans tous les cas, plus le risque perçu est grand, plus l’ajustement du taux d’actualisation est élevé.
La théorie derrière le risque et le rendement
Le concept de taux d’actualisation ajusté au risque reflète la relation entre le risque et le rendement. En théorie, un investisseur désireux d’être exposé à un risque plus élevé sera récompensé par des rendements potentiellement plus élevés, puisque des pertes plus importantes sont également possibles. C’est ce que montre le taux d’actualisation ajusté au risque, car l’ajustement modifie le taux d’actualisation en fonction du risque encouru. Le rendement escompté d’un investissement est accru parce que le projet comporte un risque plus élevé.
L’actualisation consiste à reconnaître la valeur temporelle de l’argent (TVM), ou le concept selon lequel l’argent que vous avez maintenant vaut plus que la somme identique à l’avenir en raison de sa capacité potentielle de gain. Selon ce principe fondamental de la finance, si l’argent peut rapporter des intérêts, toute somme d’argent vaut d’autant plus qu’elle est reçue rapidement.
Raisons d’utiliser le taux d’actualisation ajusté au risque
L’ajustement le plus courant concerne l’incertitude quant au moment, au montant en dollars ou à la durée des flux de trésorerie. Pour les projets à long terme, il y a également une incertitude liée aux conditions futures du marché, à la rentabilité de l’investissement et aux niveaux d’inflation. Le taux d’actualisation est ajusté en fonction du risque, sur la base des liquidités projetées de l’entreprise, ainsi que du risque de défaillance des autres parties.
Pour les projets à l’étranger, le risque de change et le risque géographique sont des éléments à prendre en compte. Une entreprise peut ajuster le taux d’actualisation pour tenir compte des investissements susceptibles de nuire à sa réputation, d’entraîner un procès ou de poser des problèmes réglementaires. Enfin, le taux d’actualisation ajusté au risque est modifié en fonction de la concurrence prévue et de la difficulté à conserver un avantage concurrentiel.
Exemple d’actualisation avec un taux ajusté
Un projet nécessitant une sortie de capitaux de 80 000 dollars rapportera une entrée de fonds de 100 000 dollars en trois ans. Une entreprise peut choisir de financer un autre projet qui rapportera 5 %, ce taux est donc utilisé comme taux d’actualisation. Le facteur de valeur actuelle dans cette situation est ((1 + 5%)³), soit 1,1577. Par conséquent, la valeur actuelle du flux de trésorerie futur est de (100 000 $/1,1577), soit 86 383,76 $.
Comme la valeur actuelle des liquidités futures est supérieure à la sortie de fonds actuelle, le projet se traduira par une entrée nette de liquidités, et le projet devrait être accepté.
Cependant, le résultat peut changer suite à l’ajustement du taux d’actualisation pour refléter les risques. Supposons que ce projet se déroule dans un pays étranger où la valeur de la monnaie est instable et où le risque d’expropriation est plus élevé. Pour cette raison, le taux d’actualisation est ajusté à 8 %, ce qui signifie que l’entreprise estime qu’un projet présentant un profil de risque similaire lui rapportera 8 %. Le facteur d’intérêt de la valeur actuelle est maintenant de ((1 + 8%)³), soit 1,2597. Par conséquent, la nouvelle valeur actuelle des rentrées de fonds est de (100 000 $/1,2597), soit 79 383,22 $.
Lorsque le taux d’actualisation a été ajusté pour refléter le risque supplémentaire du projet, il a révélé que le projet ne devait pas être pris car la valeur des entrées de trésorerie ne dépasse pas les sorties de trésorerie.
Relation entre le taux d’actualisation et la valeur actuelle
Lorsque le taux d’actualisation est ajusté pour refléter le risque, le taux augmente. Des taux d’actualisation plus élevés se traduisent par des valeurs actualisées plus faibles. En effet, un taux d’actualisation plus élevé indique que l’argent croîtra plus rapidement au fil du temps en raison du taux de rendement le plus élevé. Supposons que deux projets différents se traduisent par une rentrée d’argent de 10 000 dollars en un an, mais qu’un projet est plus risqué que l’autre.
Le projet le plus risqué a un taux d’actualisation plus élevé qui augmente le dénominateur dans le calcul de la valeur actuelle, ce qui se traduit par un calcul de la valeur actuelle plus faible, car le projet le plus risqué devrait se traduire par une marge bénéficiaire plus élevée. La valeur actuelle inférieure du projet le plus risqué signifie qu’il faut moins d’argent au départ pour réaliser le même montant que l’entreprise la moins risquée.
Utilisation du modèle d’évaluation des actifs financiers
Un outil commun utilisé pour calculer un taux d’actualisation ajusté au risque est le modèle d’évaluation des actifs financiers (CAPM). Selon ce modèle, le taux d’intérêt sans risque est ajusté par une prime de risque basée sur le bêta du projet. La prime de risque est calculée comme la différence entre le taux de rendement du marché et le taux de rendement sans risque, multipliée par le bêta.
Par exemple, un projet avec un bêta de 1,5 est prévu pendant une période où le taux sans risque est de 3 % et le taux de rendement du marché de 7 %. Bien que le taux de rendement du marché soit de 7 %, le projet est plus risqué que le marché car son bêta est supérieur à un. Dans cette situation, la prime de risque est de ((7 % – 3 %)x1,5), soit 6 %.
Utilisation de la version bêta
Pour utiliser le modèle d’évaluation des immobilisations, il faut calculer le bêta du projet ou de l’investissement. Le bêta est calculé en divisant la covariance entre le rendement de l’actif et le rendement sur le marché par la variance des rendements sur le marché. Cette formule permet de calculer la relation entre les rendements de l’investissement et les rendements du marché. Les investissements ayant une relation similaire au marché rapporteront un bêta de un, tandis que les investissements plus risqués que le marché rapporteront une valeur supérieure à un.