Si vous avez déjà vu des thrillers politiques, vous serez vite convaincu que la politique est un sale jeu. Dans le monde de la fiction, les hommes politiques sont souvent des individus corrompus, poussés par l’avidité et le profit personnel, qui acceptent des pots-de-vin et échangent des faveurs pour obtenir le soutien de lobbyistes et d’autres personnes influentes. Mais ce n’est pas le cas dans le monde réel, n’est-ce pas ? La plupart du temps, non, mais il y a des cas où l’argent, le pouvoir et le soutien politique l’emportent sur le bien de tous. Cet article se penche sur la politique de l’assiette au beurre et sur certains des principaux exemples de cette pratique aux États-Unis.
Points clés à retenir
- La politique des barils de porc ne profite qu’à un seul groupe de personnes, même si elle est presque toujours financée par la communauté au sens large.
- Cette pratique est liée au capitalisme de copinage où les relations entre les hommes d’affaires et le gouvernement sont ce qui détermine le succès.
- Les projets de barils de porc ont atteint un sommet en 2006, avec environ 14 000 projets recevant environ 30 milliards de dollars entre 1991 et 2014.
- Le projet de pont sur l’île de Gravina en Alaska et le Big Dig de Boston sont des exemples de dépenses de barils de porc.
Qu’est-ce que la politique des barils de porc ?
La politique du « porc en tonneau » est présente dans les pouvoirs législatifs et, dans une moindre mesure, exécutifs des États-Unis depuis les années 1800. Généralement utilisé de manière dérogatoire, ce terme désigne la pratique des politiciens qui échangent des faveurs avec leurs électeurs ou des groupes d’intérêts particuliers en échange d’un soutien politique. Ce soutien peut prendre la forme de votes ou de contributions aux campagnes électorales. La politique du « baril de porc » – également appelée « patronage » – profite principalement ou exclusivement à un seul groupe de personnes, même si elle est presque toujours financée par la communauté au sens large.
La pratique de la politique de l’assiette au beurre est liée au capitalisme de copinage. Dans de tels cas, ce sont les relations entre les hommes d’affaires et le gouvernement qui déterminent le succès, et non le marché libre.
Dire non à la politique des barils de porc
On trouve chaque année des exemples de gaspillage des dépenses publiques dans les budgets proposés par le Congrès. Entre 1991 et 2014, les projets de barils de porc et le montant d’argent ainsi distribué les dépenses ont atteint un sommet en 2006 avec environ 14 000 projets recevant environ 30 milliards de dollars. Les gens ont commencé à s’en apercevoir, ce qui a poussé le Congrès à agir.
En 2010, le Congrès a décrété un moratoire sur la pratique consistant à affecter de l’argent à une certaine fin, ce qui a eu pour effet de faire des ajouts aux projets de loi de crédits pour canaliser l’argent vers des projets spéciaux dans l’État du législateur. Les affectations étaient une pratique courante utilisée par les législateurs lorsqu’ils tentaient de faire passer un projet de loi de grande envergure.
Le Congrès a décrété un moratoire sur la pratique consistant à mettre de l’argent de côté dans un certain but – en 2010.
Exemples de politique des barils de porc
Les dépenses des barils de porc et l’intersection de l’argent et de la politique remontent à plus d’un siècle dans la politique américaine. Abraham Lincoln, par exemple, a échangé des contrats de la guerre de Sécession avec des hommes d’affaires du Nord en échange d’emplois de patronage et de soutien aux campagnes électorales. À un niveau plus local, le gouvernement new-yorkais du début du XXe siècle était dominé par Tammany Hall, une organisation politique qui troquait fréquemment des contrats gouvernementaux contre le pouvoir politique.
Le pont vers nulle part
Vers la fin de l’année 2005, l’opinion publique américaine s’est opposée à l’affectation de fonds par le biais de la politique de l’assiette au beurre. C’était en réponse à une importante loi fédérale sur le transport routier qui prévoyait des concessions pour l’État de l’Alaska. Le Congrès a initialement approuvé plus de 230 millions de dollars pour le tristement célèbre pont vers nulle part. La proposition portait sur la construction d’un pont qui relierait la ville de Ketchikan, en Alaska, à l’aéroport de l’île de Gravina. La première avait une population de moins de 9 000 habitants, tandis que la seconde n’en comptait que 50.
Le projet allait être financé par les contribuables fédéraux, seuls quelques habitants de l’Alaska en tirant profit. Après les protestations du public, les fonds ont été détournés et le projet a été abandonné.
La grande fouille de Boston
Un autre exemple est le projet Big Dig à Boston, une section d’autoroute de 3,5 miles qui a été déplacée sous terre. C’était l’un des projets d’autoroute les plus coûteux du pays, sans parler de l’un des plus compliqués en raison des retards, des décès et des défauts.
Les fonds fédéraux ont été affectés au projet local par le porte-parole de la Chambre de l’époque, Tip O’Neill. Lancé en 1982, le projet a finalement été achevé en 2007. Le coût total du projet s’est élevé à près de 15 milliards de dollars, soit un coût nettement supérieur au budget initial de près de 3 milliards de dollars.
Autres exemples notables
En 2011, la ville de Bozeman, dans le Montana, a accordé à l’université d’État du Montana plus de 740 000 dollars pour mener des recherches sur l’utilisation du pâturage des moutons comme moyen de lutte contre les mauvaises herbes. Cette somme a été accordée sous la forme d’une subvention de trois ans annoncée par la secrétaire d’État américaine à l’agriculture, Kathleen Merrigan.
Historiquement, c’est la loi de crédits du ministère de la défense (DoD) qui contient le plus de viande de porc. Dans le budget de l’année fiscale 2014, plus de 90 millions de dollars ont été alloués à la modernisation des chars d’assaut dont l’armée américaine ne voulait même pas. L’attribution a apparemment été faite parce que le fournisseur des chars avait des opérations dans plusieurs districts du Congrès.