Qu’est-ce que la courbe de Phillips ?
La courbe de Phillips est un concept économique développé par A. W. Phillips selon lequel l’inflation et le chômage ont une relation stable et inverse. Selon cette théorie, la croissance économique s’accompagne d’une inflation, qui devrait à son tour entraîner une augmentation du nombre d’emplois et une diminution du chômage. Cependant, le concept original a été quelque peu réfuté empiriquement en raison de l’apparition de la stagflation dans les années 1970, lorsque l’inflation et le chômage étaient tous deux élevés.
Points clés à retenir
- La courbe de Phillips indique que l’inflation et le chômage ont une relation inverse. Une inflation plus élevée est associée à un chômage plus faible et vice versa.
- La courbe de Phillips était un concept utilisé pour guider la politique macroéconomique au XXe siècle, mais elle a été remise en question par la stagflation des années 1970.
- La compréhension de la courbe de Phillips à la lumière des attentes des consommateurs et des travailleurs, montre que la relation entre l’inflation et le chômage peut ne pas tenir à long terme, voire potentiellement à court terme.
Comprendre la courbe de Phillips
Le concept qui sous-tend la courbe de Phillips indique que l’évolution du chômage au sein d’une économie a un effet prévisible sur l’inflation des prix. La relation inverse entre le chômage et l’inflation est représentée par une courbe concave à pente descendante, avec l’inflation sur l’axe Y et le chômage sur l’axe X. L’augmentation de l’inflation fait baisser le chômage, et vice versa. Par ailleurs, si l’on se concentre sur la diminution du chômage, l’inflation augmente également, et vice versa.
Dans les années 1960, on croyait que toute relance budgétaire augmenterait la demande globale et produirait les effets suivants. La demande de main-d’œuvre augmente, le nombre de chômeurs diminue par la suite et les entreprises augmentent les salaires pour être compétitives et attirer une plus petite réserve de talents. Le coût des salaires augmente et les entreprises répercutent ces coûts sur les consommateurs sous la forme d’augmentations de prix.
Ce système de croyance a poussé de nombreux gouvernements à adopter une stratégie « stop-go » où un taux d’inflation cible était établi et où les politiques fiscales et monétaires étaient utilisées pour étendre ou contracter l’économie afin d’atteindre le taux cible. Cependant, le compromis stable entre l’inflation et le chômage s’est effondré dans les années 1970 avec la montée de la stagflation, remettant en question la validité de la courbe de Phillips.
Le 27 août 2020, la Réserve fédérale a annoncé qu’elle n’augmentera plus les taux d’intérêt en raison de la baisse du chômage en dessous d’un certain niveau si l’inflation reste faible. Elle a également modifié son objectif d’inflation pour en faire une moyenne, ce qui signifie qu’elle permettra à l’inflation d’augmenter légèrement au-dessus de son objectif de 2 % pour compenser les périodes où elle était inférieure à 2 %.
La courbe de Phillips et la stagflation
La stagflation se produit lorsqu’une économie connaît une croissance économique stagnante, un chômage élevé et une forte inflation des prix. Ce scénario, bien entendu, contredit directement la théorie qui sous-tend la courbe de Philips. Les États-Unis n’ont jamais connu de stagflation avant les années 1970, lorsque la hausse du chômage ne coïncidait pas avec une baisse de l’inflation. Entre 1973 et 1975, l’économie américaine a enregistré six trimestres consécutifs de baisse du PIB et, dans le même temps, a triplé son inflation.
Les attentes et la courbe de Phillips à long terme
Le phénomène de stagflation et la rupture de la courbe de Phillips ont conduit les économistes à approfondir le rôle des anticipations dans la relation entre le chômage et l’inflation. Comme les travailleurs et les consommateurs peuvent adapter leurs attentes concernant les taux d’inflation futurs en fonction des taux d’inflation et de chômage actuels, la relation inverse entre l’inflation et le chômage ne pouvait se maintenir qu’à court terme.
Lorsque la banque centrale augmente l’inflation afin de faire baisser le chômage, elle peut provoquer un déplacement initial le long de la courbe de Phillips à court terme, mais à mesure que les attentes des travailleurs et des consommateurs en matière d’inflation s’adaptent au nouvel environnement, à long terme, la courbe de Phillips elle-même peut se déplacer vers l’extérieur. C’est notamment le cas autour du taux naturel de chômage ou NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment), qui représente essentiellement le taux normal de chômage frictionnel et institutionnel dans l’économie. Ainsi, à long terme, si les anticipations peuvent s’adapter aux changements des taux d’inflation, alors la courbe de Phillips à long terme ressemble à la ligne verticale du NAIRU ; la politique monétaire se contente d’augmenter ou de réduire le taux d’inflation après que les anticipations du marché se sont révélées exactes.
En période de stagflation, les travailleurs et les consommateurs peuvent même commencer à s’attendre rationnellement à ce que les taux d’inflation augmentent dès qu’ils prennent conscience que l’autorité monétaire prévoit de se lancer dans une politique monétaire expansionniste. Cela peut entraîner un déplacement vers l’extérieur de la courbe de Phillips à court terme avant même que la politique monétaire expansionniste n’ait été menée, de sorte que même à court terme, cette politique n’a que peu d’effet sur la réduction du chômage, et que la courbe de Phillips à court terme devient en fait aussi une ligne verticale au NAIRU.