Quel est l’effet d’éviction ?
L’effet d’éviction est une théorie économique qui soutient que l’augmentation des dépenses du secteur public entraîne une diminution, voire une élimination, des dépenses du secteur privé.
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Points clés à retenir
- L’effet d’éviction suggère que l’augmentation des dépenses du secteur public entraîne une baisse des dépenses du secteur privé.
- Trois raisons principales expliquent cet effet d’éviction : l’économie, le bien-être social et les infrastructures.
- L’effet d’éviction, d’autre part, suggère que les emprunts publics peuvent en fait augmenter la demande en créant des emplois, stimulant ainsi les dépenses privées.
Comment fonctionne l’effet d’éviction
L’une des formes les plus courantes d’éviction se produit lorsqu’un grand gouvernement, comme celui des États-Unis, augmente ses emprunts. L’ampleur même de ces emprunts peut entraîner des hausses substantielles du taux d’intérêt réel, ce qui a pour effet d’absorber la capacité de prêt de l’économie et de décourager les entreprises d’effectuer des investissements en capital.
Comme les entreprises financent souvent ces projets en partie ou en totalité par des fonds, elles sont désormais découragées de le faire parce que le coût d’opportunité de l’emprunt a augmenté, ce qui rend les projets traditionnellement rentables financés par des prêts d’un coût prohibitif.
L’effet d’éviction est discuté depuis plus de cent ans sous diverses formes. Pendant une grande partie de cette période, les gens pensaient que le capital était limité et confiné à des pays individuels, ce qui était largement le cas en raison de volumes d’échanges internationaux plus faibles qu’aujourd’hui. Dans ce contexte, l’augmentation de la fiscalité pour les projets de travaux publics et les dépenses publiques pouvait être directement liée à une réduction de la capacité de dépenses privées dans un pays donné, car il y avait moins d’argent disponible.
D’autre part, des théories macroéconomiques comme le chartalisme et le post-keynésianisme soutiennent que dans une économie moderne fonctionnant nettement en dessous de ses capacités, les emprunts publics peuvent en fait accroître la demande en créant des emplois, stimulant ainsi également les dépenses privées. Ce processus est souvent appelé « crowding in ». Cette théorie a gagné en popularité parmi les économistes ces dernières années après qu’il ait été constaté que, pendant la Grande Récession, les dépenses massives du gouvernement fédéral en obligations et autres titres ont en fait eu pour effet de réduire les taux d’intérêt.
Les grands gouvernements – comme celui des États-Unis – augmentent leurs emprunts, ce qui constitue la forme la plus courante d’éviction et force les taux d’intérêt à augmenter.
Types d’effets d’éviction
Économies
Les réductions des dépenses d’investissement peuvent compenser en partie les avantages apportés par les emprunts publics, comme ceux de la relance économique, bien que cela ne soit probable que lorsque l’économie fonctionne à plein régime. À cet égard, la relance gouvernementale est théoriquement plus efficace lorsque l’économie est en dessous de sa capacité.
Si tel est le cas, cependant, une récession économique peut se produire, réduisant les recettes que le gouvernement perçoit par le biais des impôts et l’incitant à emprunter encore plus d’argent, ce qui peut théoriquement conduire à un cercle vicieux d’emprunt et d’éviction.
Protection sociale
L’éviction peut également avoir lieu en raison du bien-être social, bien qu’indirectement. Lorsque les gouvernements augmentent les impôts afin d’introduire ou d’étendre les programmes de protection sociale, les particuliers et les entreprises se retrouvent avec un revenu discrétionnaire moindre, ce qui peut réduire les contributions caritatives. À cet égard, les dépenses du secteur public pour le bien-être social peuvent réduire les dons du secteur privé pour le bien-être social, ce qui compense les dépenses du gouvernement pour ces mêmes causes.
De même, la création ou l’expansion de programmes publics d’assurance maladie comme Medicaid peut inciter les personnes couvertes par une assurance privée à passer à l’option publique. Avec moins de clients et un plus petit groupe de risques, les compagnies d’assurance maladie privées peuvent être amenées à augmenter les primes, ce qui entraîne de nouvelles réductions de la couverture privée.
Infrastructure
Une autre forme d’éviction peut se produire en raison des projets de développement d’infrastructures financés par le gouvernement, qui peuvent décourager l’entreprise privée de s’implanter dans la même zone du marché en la rendant indésirable ou même non rentable. Cela se produit souvent avec les ponts et autres routes, car le développement financé par le gouvernement décourage les entreprises de construire des routes à péage ou de s’engager dans d’autres projets similaires.
Exemple de l’effet d’éviction
Supposons qu’une entreprise ait planifié un projet d’investissement dont le coût est estimé à 5 millions de dollars et le rendement à 6 millions de dollars, en supposant que le taux d’intérêt sur ses prêts reste de 3 %. L’entreprise prévoit de réaliser un bénéfice net de 1 million de dollars. Toutefois, en raison de l’état précaire de l’économie, le gouvernement annonce un plan de relance qui aidera les entreprises dans le besoin, mais qui portera également le taux d’intérêt des nouveaux prêts de l’entreprise à 4 %.
Comme le taux d’intérêt que l’entreprise avait pris en compte dans sa comptabilité a augmenté de 33,3 %, son modèle de profit change radicalement et l’entreprise estime qu’elle devra désormais dépenser 5,75 millions de dollars sur le projet pour obtenir les mêmes 6 millions de dollars de rendement. Ses prévisions de bénéfices ont maintenant chuté de 75 %, à 250 000 dollars, et l’entreprise décide qu’il serait préférable de poursuivre d’autres options.