De nombreux Canadiens croient qu’ils paient plus d’impôts sur le revenu que leurs homologues américains. Même les politiciens au Parlement ont utilisé cet argument pour faire pression en faveur d’une baisse des impôts. Mais est-ce vraiment vrai ?
Points clés à retenir
- L’IRS taxe les Américains les plus riches à hauteur de 37 %, alors que le taux d’imposition fédéral le plus élevé au Canada est de 33 %.
- Les riches Américains ont accès à de nombreuses déductions fiscales que l’impôt minimum de remplacement du Canada ne permet pas.
- La déduction des intérêts hypothécaires est présentée comme un avantage considérable pour les Américains propriétaires de leur logement. Toutefois, si vous gagnez moins de 84 200 dollars et que vous n’êtes pas propriétaire d’une maison, vous paierez très probablement moins d’impôts au nord de la frontière.
Guide de l’impôt sur le revenu des personnes physiques
La réponse est plus complexe que vous ne le pensez. Les organismes de collecte de statistiques des deux pays publient les moyennes des impôts sur le revenu payés, mais comparer les deux chiffres revient à comparer les statistiques d’un joueur de hockey avec celles d’un joueur de basket. Les chiffres sont basés sur des prémisses différentes et incluent des facteurs différents.
L’utilisation d’une moyenne est également problématique car les très pauvres et les très riches la faussent des deux côtés. En général, les Canadiens à faible revenu paient moins d’impôts pour les services qu’ils reçoivent et les Américains riches sont mieux lotis que les Canadiens riches. Voici une ventilation des composantes fiscales pertinentes et de leur contribution à l’ensemble de la fiscalité.
Impôts fédéraux sur le revenu
Les tranches d’imposition fédérales américaines vont de 10 à 37 % pour les particuliers. Au Canada, la fourchette est de 15 % à 33 %. Aux États-Unis, la tranche d’imposition la plus basse pour l’année fiscale se terminant en 2019 est de 10 % pour un particulier gagnant 9 700 $ et passe à 22 % pour ceux qui gagnent 39 476 $. Au Canada, la tranche inférieure correspondante reste à 15 % jusqu’à 47 630 $. C’est la principale raison pour laquelle les Canadiens à faible revenu sont souvent mieux lotis que leurs homologues américains.
Impôts sur le revenu des États et des provinces
La comparaison des impôts sur le revenu des États et des provinces est plus problématique. La fiscalité des États est complètement en dehors du système fiscal fédéral et chaque État a ses propres lois fiscales concernant les déductions et les crédits. Certains États, comme la Floride et l’Alaska, n’ont aucun impôt d’État sur le revenu, alors que toutes les provinces et tous les territoires canadiens prélèvent un impôt sur le revenu.
Mais au Canada, les impôts provinciaux sur le revenu (sauf au Québec) sont coordonnés avec le système fiscal fédéral et sont basés sur un pourcentage de l’impôt fédéral. Cela signifie que les provinces ont les mêmes déductions autorisées et les mêmes règles de revenu que le système fédéral. Chaque province dispose également de crédits et d’incitations supplémentaires.
Primes d’assurance-chômage
Bien qu’il ne s’agisse pas techniquement d’un impôt sur le revenu, les Canadiens paient des cotisations d’assurance-emploi (AE) en fonction de leur revenu d’emploi. Les cotisations d’assurance-emploi des employés représentent 1,58 % du revenu brut d’emploi ; les employeurs paient 1,4 fois ce montant. Aux États-Unis, la loi fédérale sur l’impôt sur le chômage (Federal Unemployment Tax Act, FUTA) est prélevée exclusivement auprès des employeurs.
En ce qui concerne la taxe supplémentaire sur les employés au Canada, il est important de noter que le Canada offre des prestations de chômage plus importantes, notamment un congé de maternité prolongé et d’autres congés parentaux, ainsi que des congés payés pour les soins de compassion.
Sécurité sociale par rapport au Régime de pensions du Canada (RPC)
Aux États-Unis, les prestations de sécurité sociale qui commencent à la retraite sont versées sur la base des cotisations versées par les personnes tout au long de leur vie active. Le Canada dispose d’un système similaire dans le cadre du Régime de pensions du Canada (RPC).
En 2020, les employés américains versent 7,65 % de leur salaire à la sécurité sociale et au Medicare. Les cotisations de sécurité sociale sont plafonnées à un niveau de revenu de 137 700 dollars. Les primes de Medicare ne sont pas plafonnées. Au Canada, les employés versent 4,95 % de leur revenu brut d’emploi au RPC jusqu’à 44 800 $. Les prestations de type assurance-maladie sont incluses dans le plan de santé du pays.
Le programme de la sécurité de la vieillesse (SV) est le plus important programme de pension du Canada, et il est financé par les recettes fiscales générales. La pension de la SV est le revenu non imposable des personnes âgées de 65 ans et plus qui répondent aux exigences du Canada en matière de statut juridique et de résidence et qui ne dépassent pas les plafonds de revenu.
Soins de santé
Aucune discussion sur les taxes américaines par rapport aux taxes canadiennes ne serait complète sans comparer les systèmes de santé des deux pays. Les impôts sur le revenu que les Canadiens paient financent en partie le plan de santé socialisé du pays. Dans le cadre de ce plan, tout le monde a un accès égal aux installations médicales, aux praticiens et aux procédures sans frais supplémentaires. Aux États-Unis, les soins de santé doivent être payés de sa propre poche ou par le biais d’un plan d’assurance maladie.
Les primes mensuelles de ces régimes varient en fonction d’un certain nombre de facteurs, notamment l’état dans lequel vous vivez, votre âge et le fait que vous bénéficiez ou non d’une couverture de l’employeur. Cela dit, la prime mensuelle moyenne pour une personne de 27 ans en 2020 est de 388 $, et de 1 520 $ pour une famille de quatre personnes, sans compter les quotes-parts et les franchises.
Pour comparer les impôts sur le revenu aux États-Unis et au Canada, il faut analyser les avantages retirés de ces impôts et tout autre coût hors taxes. Outre de nombreux autres facteurs, la situation individuelle de chaque contribuable peut aider à déterminer si sa situation financière serait meilleure dans l’un ou l’autre pays.